lundi 16 mai 2011

Ania, l'enchanteresse.

Notre première rencontre était assez étrange, le brouhaha de la cafette estudiantine ne favorisant pas la communication, je me suis retrouvée à la regarder parler sans vraiment l'écouter, me laissant ainsi toucher par sa beauté naïve. Une naïveté qui fait sa force et n'est en rien synonyme de crédulité. Je lui trouvai la vivacité d'un chardonneret, m'amusant à cette comparaison en attendant de pouvoir l'entendre chanter. Je n'ai pas été déçue, sa voix est bien celle d'une enchanteresse, elle nous transporte dans le velouté et la tendresse de ses harmonies. 


Plus tard, au calme, nos échanges ont été plus intéressants et j'ai découvert un caractère bien trempé et une mentalité pleine de fraîcheur. Elle défi les tabous sans s'en rendre compte, sans provocation et sans complexe, rendant caduc les débats sur le passage entre "modernité et tradition" et prouvant qu'il suffit "d'être"en toute simplicité pour résoudre bons nombres de faux problèmes. 




Elle a toujours aimé chanter, pour le plaisir, dès sa petite enfance, suivant les clips musicaux de l'ENTV... écouter, retenir, mimer, chanter... Ses premières influences sont celles de Fairuz, Nawel Zorbi, Majda Roumi, Amr Diab et plus récemment Elissa. La musique orientale lui a appris d'une part le chant, d'autre part la langue arabe dans toutes ses variantes. En parallèle, elle se nourrit également de musique kabyle avec Hnifa, Idir, Ali Amrane, Zohra et découvre Nouara dont elle devient particulièrement fan.

L'idée de travailler sa voix ne lui est venue que récemment, sous les conseils d'amis musiciens qu'elle a rencontré par hasard en fréquentant la Maison de la culture de Tizi Ouzou. Faute de place à l'atelier de chant, elle s'inscrit en danse folklorique mais passe son temps à chanter pendant les cours et avec ses amis dans le jardin de la Maison. Plus tard, les « semaines culturelles » qui invitent les membres des ateliers à se produire dans plusieurs villes algériennes, lui ont ouvert une opportunité qu'elle n'a pas laissé filer. Tout a commencé à Ouargla, en 2009 quand Sofiane, un jeune pianiste l'invite à chanter avec son groupe, après l'avoir entendu dans le car pendant le voyage. C'est un succès. Deux mois plus tard, à Tamanrasset, le même groupe lui demande de chanter 3 chansons de plus, face à un public conquis. Yazid, l'organisateur de ces événements parle de systématiser les prestations d'Ania. À son retour, elle s'inscrit à la chorale pour travailler plus sérieusement sa voix, mais reste sur sa faim car le niveau amateur ne lui permet pas de progresser autant qu'elle le souhaite.

Son objectif actuel : passer sa licence de traduction haut la main et enregistrer un album pour lancer sa propre promotion dans le monde de la musique. On espère qu'elle sera assez diffusée pour vous faire partager ces moments d'une intense douceur. En attendant, nous on ne se lasse pas de l'écouter en aparté!







mercredi 11 mai 2011

Massyl, à coeur ouvert.

Massyl, étudiant en 2e année de Chimie à Tizi-Ouzou. "Chimie parce que c'est la science qui se rapproche le plus de la poésie. Je suis passionné de littérature mais je n'ai pas voulu suivre cette voie via un cursus universitaire...".




Massyl né et grandit à Tizi Ouzou. Je me suis rendue compte petit à petit qu'il n'utilisait presque aucun mot arabe ou kabyle. Bien que cela ne constitue aucunement un trait de caractère, c'est un aspect qui m'a permis de me sentir un peu moins « extra-terrestre » puisque moi aussi, j'ai reçu une éducation entièrement francophone tandis que je vivais ici. Cette configuration n'est pas exceptionnelle en Algérie, mais reste rare et soulève parfois quelques questions... À chacun son histoire pour expliquer les usages qu'on fait de telle ou telle langue, comment on les choisit, on les mélange, on les créolise, on les réinvente, on les renouvelle...mais ça c'est une autre paire de manche!

La goût de lire lui est venu très tôt et la poésie l'a conquis avec la découverte de l'amour. Plus tard, ce goût a évolué en savoir grâce à une enseignante particulière, Dalila Arezki (cf « couple en Algérie »). Il aime "Verlaine et son écriture sensible", "l'expression du sentiment amoureux chez Musset", "la solitude et la vague à l'âme de Lamartine", "André Breton et l'écriture automatique" et le romantisme de "Baudelaire!" 


Une chose en entraînant une autre, il s'est essayé à l'écriture. Le thème de l'amour lui ouvre une soupape d'expression dont il ne se prive pas. Pourtant, comme tous les jeunes de son âge, il n'est pas du genre à raconter sa propre histoire telle qu'elle. Au bout d'un moment, le désir d'être lu l'a amené à ouvrir un blog : orpond-emaux.skyblog.fr, une escapade tortueuse à travers ses tourments de jeunes homme. Grâce à internet, il dépasse les limites géographiques de Tizi Ouzou, libre d'échanger dans ce nouveau village-monde. S'il avait le choix, il préfèrerait participer à des discussions biens vivantes mais en attendant... . Des éclats, par-ci par là, un style en gestation, mais surtout une franche sensibilité.


Massyl a décidé de nous écrire ce qu'il avait sur le coeur. Il n'aurait pas pu le faire à l'oral, avoue-t-il, pourtant il accepte de relire sa lettre le temps d'un enregistrement.